1. WhatsApp n'est pas une application pour "les jeunes"
On entend déjà des commentaires disant que Facebook avait besoin de rajeunir son audience, comme elle l'avait fait en rachetant Instagram en 2012. Non, la messagerie WhatsApp s'adresse à un public beaucoup plus large - ce qui explique aussi le prix. Ses 450 millions d'utilisateurs mensuels (1 être humain sur 16 dans le monde, quand même) se recrutent parmi "toutes les tranches d'âge", ainsi que Zuckerberg l'a fait remarquer aux analystes. Faites le test en la téléchargeant sur votre smartphone, vous serez étonné de voir apparaître votre vieil oncle, votre propriétaire et votre enfant parmi vos contacts.
2. On échange presque autant de messages WhatsApp dans le monde que de SMS
C'est en tout cas ce que dit Facebook. En avril 2013, WhatsApp revendiquait 20 milliards de messages échangés par jour. A la même époque, des rumeurs avaient fait état d'un intérêt de la part de Google.
3. Le graphique qui explique tout
4. Facebook remporte une bataille décisive dans la guerre des messageries
Il n'y a pas que WhatsApp sur le marché de la messagerie en ligne. Les applications permettant de s'échanger des textos, des photos ou des vidéos via internet pullulent: au-delà du pionnier Skype (propriété de Microsoft), toujours vigoureux, il faut compter avec Viber (rachetée par Rakuten au début de la semaine), Line, KakaoTalk, WeChat, Tango (cofondée par le Français Eric Setton)... Les observateurs attendent depuis longtemps de savoir qui va gagner cette lutte se jouant à coups de dizaines de millions d'utilisateurs, chacun des services ayant des atouts technologiques ou géographiques à faire valoir par rapport aux autres.
Beaucoup disent être la nouvelle génération des réseaux sociaux, et l'on se demandait s'ils n'allaient pas être les fossoyeurs du "vieux" Facebook. Celui-ci vient peut-être de faire un coup de maître en désignant lui-même le vainqueur, tout en sauvegardant son avenir. Quoi qu'il en soit, le rachat de WhatsApp à ce prix démentiel est aussi un fabuleux coup de com, qui lui permet de prendre une longueur d'avance sur ses concurrents.
5. Deux nouveaux milliardaires sur la planète
Les deux fondateurs de WhatsApp, Jan Koum et Brian Acton, vont intégrer le club des ultra-riches dès que l'acquisition sera bouclée. D'après Forbes, référence en la matière, le premier détient 45% de la société et le second 20%. Les voilà qui pèsent respectivement 7,2 et 3,2 milliards de dollars désormais. Et parmi la cinquantaine d'employés (!) de l'entreprise, beaucoup vont devenir millionnaires.
6. La plus belle culbute de l'histoire pour Sequoia Capital
Il y a trois ans, indique The Verge, ce fonds de capital-risque américain, l'un des plus gros de la Silicon Valley, avait investi 8 millions de dollars dans WhatsApp pour une part de capital comprise entre 10 et 20% (l'information n'est pas publique). Ce qui veut dire qu'il va récupérer entre 1,6 et 3,2 milliards de dollars dans l'opération. Au mieux, le retour sur investissement sera donc de 40.000%. Et peut-être davantage encore, puisque, selon Fortune, Sequoia aurait investi 60 millions de dollars dans la start-up.
7. Ce qu'on peut acheter avec 19 milliards de dollars
Le rachat de WhatsApp coûtera au final 19 milliards de dollars à Facebook, en comptant les actions réservées aux employés et fondateurs de la messagerie. Soit 14 milliards d'euros. Avec cette enveloppe, Mark Zuckerberg aurait presque pu s'offrir, au cours de Bourse de ce matin, Alstom (valorisé 5,9 milliards d'euros) et CapGemini (8,7 milliards).
8. Les fondateurs de WhatsApp sont des anti-pub revendiqués
"Appuyez-vous sur vos principes, ils finiront bien par céder", disait Oscar Wilde. Surtout quand on fait peser 19 milliards de dollars dessus. Pour cette somme gigantesque, les fondateurs de WhatsApp passent sous la coupe du deuxième vendeur mondial de publicité en ligne (d'après les chiffres du cabinet eMarketer). Pourtant, Jan Koum et Brian Acton, qui ont choisi un modèle payant pour leur application de messagerie (1 dollar par an), n'aiment pas la pub et l'ont écrit dans un billet, qu'il est difficile de ne pas lire aujourd'hui avec un léger malaise, tandis qu'ils viennent de faire affaire avec Facebook.
Extrait: "La publicité n’est pas juste une perturbation d’ordre esthétique, une insulte à votre intelligence et une interruption du cours de vos pensées. Dans n’importe quelle entreprise où on vend des espaces publicitaires, une partie non négligeable des ingénieurs passent leur journée à perfectionner l’exploration de données, à améliorer leurs programmes pour extraire encore davantage d’informations sur leurs utilisateurs, à mettre à niveau les serveurs où sont stockées ces données pour s’assurer que tout est bien archivé, organisé, trié et analysé… Le résultat? Un bandeau publicitaire à peine différent dans votre navigateur web, sur l’écran de votre ordinateur ou de votre mobile. N’oubliez pas que lorsqu’il s’agit de publicité, le produit, c’est vous, l’utilisateur." Qu'en pense Mark Zuckerberg?
9. Facebook n'est plus un site, c'est désormais un groupe
L'oeuvre de Mark Zuckerberg fête en 2014 ses dix ans, et elle est désormais bien plus qu'un simple réseau social. Les deux acquisitions majeures que la société a réalisées dans sa courte histoire (Instagram et, donc, WhatsApp) en font un conglomérat naissant, dans un secteur qu'elle est elle-même en train de créer. Facebook n'est ni vraiment un groupe de médias ni un groupe publicitaire, mais autre chose, qu'il est difficile de faire rentrer dans nos cases classiques. Il s'est positionné sur le créneau de la communication entre les individus, à l'échelle mondiale. De la sorte, il grignote davantage sur le marché des opérateurs télécoms - sauf qu'il a aussi besoin d'eux en tant que fournisseurs d'accès à internet.
10. Mark Zuckerberg n'est pas prêt à céder son maillot jaune
Le fondateur de Facebook est comme le maillot jaune du Tour de France parti en échappée solitaire dans la montée de l'Alpe d'Huez, qui voit ses poursuivants revenir sur lui. Deux options s'offrent à lui: se relever, attendre d'être rejoint, prendre la roue des concurrents et voir ce qui se passe. Ou planter une nouvelle banderille pour les distancer dans la côte. Zuckie a choisi la seconde stratégie. Alors que la terre entière alimente depuis des mois la chronique de la mort annoncée de son réseau social, prétendument ringardisé par les nouveaux services comme Snapchat (que, d'ailleurs, Facebook a essayé de racheter pour 3 milliards de dollars), le même pas trentenaire, devenu maître du monde à la post-adolescence, montre qu'il n'est pas décidé à laisser la couronne à un héritier. Et tant pis s'il lui faut signer des chèques monstrueux pour ne pas abdiquer. La question reste de savoir si le maillot jaune Zuckerberg est un Chris Froome, capable d'endurer indéfiniment les assauts de ses rivaux quand la pente se raidit, ou un Thomas Voeckler, qui crame toutes ses réserves d'énergie (de cash) au moment de vérité. En tout cas, il a du panache, que l'on assimilera, au choix, à de l'audace, de la folie ou de l'inconscience.